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Un mythe fondateur

              Le mythe d’Orphée est à l’origine d'un conte oral, destiné à être entendu par le plus de monde possible afin de faire vivre le mythe, le faire perdurer dans le temps. C’est d’ailleurs pour cela qu’il existe de nombreuses versions du mythe, selon les époques, les lieux etc.

Nous ne savons pas précisément, depuis quand le mythe se transmet à l’oral, mais nous avons des sources écrites qui figeront presque le texte, grâce à Virgile et Ovide notamment.

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Les sources étant variées, le contenu l’est tout autant et les réinterprétations du mythe le sont aussi. La morale de l’histoire peut elle aussi être interprétée différemment suivant les personnes : certains le prennent comme une mise en garde, faire attention aux ordres et ne pas désobéir, pas comme Orphée qui se retourna pour regarder Eurydice alors que le dieu des enfers le lui avait interdit.

D’autres, le voit comme une preuve inconditionnelle de fidélité : Orphée va aux enfers pour sauver sa bien-aimée, et même si il n’y arrive pas, il reste quand même fidèle à sa défunte femme en chantant des poèmes mélancoliques et en refusant toute nouvelle femme, allant jusqu’à se faire assassiner par des femmes jalouses.

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Orphée charmant les animaux, Mosaïque en provenance de Blanzy.
 

Ce mythe pose aussi les valeurs et les devoirs d’un poète : il doit pouvoir émouvoir n’importe qui, aussi bien mortel, qu’immortel, matériel ou immatériel comme le fait notre protagoniste.

​Cela peut aussi nous permettre de poser une question : qu’est ce que la poésie ? quelle doit-être la mentalité, la philosophie du

poète ? doit-elle suivre la façon de pensée du plus grand des poètes, Orphée ? ou au contraire, peut-il y avoir plusieurs façons de faire de la poésie ?

Au Moyen-Age, le mythe d’Orphée se mêla pendant un temps avec la religion chrétienne comme le montre Fabienne JOURDAN, historienne de la philosophie et chercheuse au CNRS, dans son livre "Orphée et les chrétiens". La réception du mythe d’Orphée dans la littérature chrétienne grecque des cinq premiers siècles (Anagogê)(1). Elle y fait un lien entre le Christ et Orphée ainsi que l’importance du personnage dans la religion chrétienne.

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L’histoire d’Orphée parcourant les âges, le personnage inspira et donna son nom à plusieurs « mouvements » : tout d’abord au Moyen Age, une doctrine philosophique religieuse vit le jour et se fit appelée l’orphisme. Selon eux, « l’âme est immortelle et la réincarnation existe mais la vie éternelle dépend de la vie menée sur la terre.

Pour atteindre cette vie éternelle en sauvegardant la pureté de son âme et l’impureté du corps, il faut mener une vie austère où l’on se prive des plaisirs matériels tout en visant la perfection spirituelle. »(2). 

première fois le terme d’orphisme dans ses Méditations esthétiques. Selon lui, l’Orphisme désigne « certains aspects de la peinture d'avant-garde. À cette date, cinq ans après Les Demoiselles d'Avignon, le cubisme apparaît à Apollinaire comme « écartelé » en quatre tendances divergentes.

Le cubisme scientifique emprunte ses éléments constructifs à des données de connaissance, ce qui lui donne son aspect géométrique. Le cubisme physique reste fidèle à la réalité visuelle, mais en se soumettant à une discipline constructive.


Le cubisme instinctif fonde le choix de ses matériaux plastiques sur l'intuition. Quant à l'orphisme, il a trois caractéristiques : il utilise des éléments figuratifs qui sont « entièrement créés par l'artiste » ; ses œuvres n'en sont pas moins construites et n'en ont pas moins une signification qui est leur vrai « sujet » ;enfin, c'est un art de la lumière créée par la couleur.

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JOURDAN, Fabienne, Orphée et les chrétiens. La réception du mythe d’Orphée dans la littérature chrétienne grecque des cinq premiers siècles.

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Robert Delaunay, Hommage à Blériot, 1914.

Apollinaire cite cinq peintres orphiques : Picasso, Delaunay, Léger, Picabia, Duchamp »(3).Le mythe d’Orphée inspire donc depuis plusieurs siècles avant notre époque de bien des façons et dans bien des disciplines. Toutes les étapes de l’histoire sont à prendre et réinterprétées, comme nous pouvons le constater par les différentes interprétations artistiques.

Contrairement à ce que l’on peut penser, l’orphisme ne désigne pas que cette secte religieuse du VIIème siècle, en effet, Guillaume Apollinaire, en 1912 évoque pour la

Pour aller plus loin...

 

 

​Nous pouvons d’ailleurs faire un rapprochement du mythe d’Orphée avec de la mythologie japonaise, en effet, selon les mythes japonais, les deux premiers dieux (kami) qui façonnèrent le monde connurent une épreuve similaire à Orphée : «  Izanagi [dieu] et Izanami [déesse] enfantent ensuite toute une série d’autres kamis. Ce bonheur est de courte durée. Car par malheur, Izanami perd la vie en accouchant de Kagutsuchi, le kami du feu. Désespéré, son frère tue l’enfant et enterre sa bien-aimée au pied du mont Hiba. Mais la douleur est trop grande, et Izanagi souhaite à tout prix retrouver sa sœur : le voilà en route pour le pays de Yomi, le monde des enfers.

Une fois arrivé, il supplie sa sœur de lui revenir pour parachever le monde qu’ils ont commencé à créer. Mais il est déjà trop tard. Si elle espère sortir, elle doit obtenir l’autorisation des divinités gardiennes de Yomi [enfer]. En attendant, Izanagi doit respecter une interdiction stricte : en aucun cas il ne doit essayer de voir celle qu’il aime avant qu’elle n’ait quitté les enfers.

Cependant, l’impatience le gagne : s’étant fabriqué une torche grâce à une dent de son peigne, il entre dans les enfers et découvre le corps putréfié de celle qu’il aime.  Pris de terreur, le kami s’enfuit »(4)

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(1). JOURDAN, Fabienne, Orphée et les chrétiens. La réception du mythe d’Orphée dans la littérature chrétienne grecque des cinq premiers siècles (Anagogê)[compte rendu], [en ligne]

(2). Le mythe d’Orphée et sa modernisation, https://modernisationmytheorphee.wordpress.com/un-mythe-fondateur/?fbclid=IwAR1F4Aio0Xr3DdwrnxTmWCBio3Bg2Uwe_iO1PPMdDcQK39Mdrd64Vs7oyBQ

(3). Définition du mouvement par l’encyclopédie universalis : https://www.universalis.fr/encyclopedie/orphisme-mouvement-artistique/

(4). Magazine spécialisé dans l’univers du Japon en général, lien : https://tokonomamagazine.com/2020/04/10/aux-origines-du-japon-les-grands-mythes-shintoistes/?fbclid=IwAR0uTzVi7MUJ_CXiomY4qe-YnfDWPdsJW_Z4IbHoFrkDt04JJljIJOUZZvE

Sources

- Elèves du Lycée Saint Erembert, Le mythe d’Orphée et sa modernisation, site crée en Janvier 2012, [en ligne]  https://modernisationmytheorphee.wordpress.com/un-mythe-fondateur/?fbclid=IwAR1F4Aio0Xr3DdwrnxTmWCBio3Bg2Uwe_iO1PPMdDcQK39Mdrd64Vs7oyBQ, (consulté le 27 mars 2020).

 

- JOURDAN, Fabienne, "Orphée et les chrétiens. La réception du mythe d’Orphée dans la littérature chrétienne grecque des cinq premiers siècles" in Revue des Etudes Grecques, tome 124, fascicule 2, décembre-juillet 2011, p. 592-595[en ligne] https://www.persee.fr/doc/reg_0035  2039_2011_num_124_2_8069_t17_0592_0000_2?q=le%20mythe%20d%27orphee&fbclid=IwAR26f WQsp6dAnH-j2xb4YDx_C7Atx49yOeqmrAWLUAOmWRi4ei3WjXhkWZA, (consulté le 25 mars 2020).  

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- Arte, Les grands mythes - 13 - Orphée, l’amour impossible, 18 janvier 2018 [en ligne]  https://www.youtube.com/watch?v=O5iJgzSnLlY, (consulté le 26 mars 2020).

 

- PUJOS David, "Aux origines du Japon : les grands mythes shintoïstes", in Tokonoma Magazine, publié le 10 avril 2020 [en ligne]  https://tokonomamagazine.com/2020/04/10/aux-origines-du-japon-les-grands-mythes-shintoistes/?fbclid=IwAR0uTzVi7MUJ_CXiomY4qe-YnfDWPdsJW_Z4IbHoFrkDt04JJljIJOUZZvE, (consulté le 10 avril 2020).

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